Le logiciel libre nous mène-t-il au libertarisme d’extrême-droite ?
C’est en voyant la juxtaposition d’un logo Debian et d’une ode à Eric Drouet sur le blog d’un certain « Alberteins » que je me suis interrogé sur les représentations idéologiques des militants du logiciel libre. J’avais naguère, comme a priori, de croire qu’il était plutôt le fait d’anarcho-gauchistes barbus en sandalettes, puant des pieds. ;+) A titre personnel, je me revendique plutôt de cette filiation, sans la barbe et les sandalettes en moins. En 2016 déjà, je m’interrogeais sur cette haine qui s’exprimait dans les blogs et les réseaux sociaux de la part de ces drôles de libristes et j’évoquais l’émergence d’options libertaro-identitaires sur fond d’un communautarisme particulièrement exacerbé.
Depuis 2012, la blogosphère française et les réseaux sociaux sont infestés de ces libertariens d’extrême-droite. Un ami plutôt proche de LFI me faisait remarquer mercredi dernier que le mouvement des Gilets Jaunes est aujourd’hui en grande partie phagocyté par des militants de la fachosphère dont l’ambition était de démolir la République. A quelques uns, sur Internet, il est devenu facile de disposer d’une armée. Et le logiciel libre – en tant qu’instrument de libération numérique – permet aujourd’hui d’avoir des outils d’une très grande efficacité dans l’organisation du Buzz et de l’infox, en interaction avec les services gratuits proposés par les GAFAM. Je pense au montage vidéo, à la retouche d’images et à toutes ces extensions dans les navigateurs et ces services qui permettent de publier rapidement nos contenus. Le logiciel libre n’aurait-il pas au final contribué au gonflement de cette fachosphère puante, dégoulinant de haine ?
Ajoutons à cela le mécanisme de dissonance cognitive qui enferme les gens à croire ceux avec lesquels ils sont au contact dans les réseaux sociaux. Les libristes n’écoutent pas grand chose d’autre qu’eux-mêmes. Ils ne sont pas les seuls, dans cette société où le collectif s’est dissous dans le communautarisme. Or, comme les militants d’extrême-droite sont devenus très actifs, tous les jours, vous vous retrouvez sur votre mur Facebook ou sur votre timeline Twitter avec une de leurs nombreuses contributions ou infox. Or, nos comportements, nos idées restent, pour l’essentiel, parfaitement mimétiques et poreux.