Les raisons intéressés du combat anti-DRM
Les informations contradictoires entourant l’utilisation de Drm méritent quelques éclaircissements.
Mi-décembre, Bill Gates, jouant quelque peu les veuves effarouchées, affirmait que la gestion des droits numériques posait des problèmes d’interopérabilité. Au niveau de Vista, il n’a rien pour autant rien fait pour proposer et mettre en œuvre d’autres solutions. L’actionnaire principal de Microsoft est passé maître dans l’art de dire le contraire de ce qu’il fait. La firme de Redmond est une des premières à mettre en œuvre les Drm au niveau de ses balladeurs Zune.
Steve Jobs, CEO d’Apple, n’est pas en reste. Pour rappel, la musique achetée et téléchargée sur iTunes Music Store d’Apple ne peut être lu que sur le baladeur iPod fabriqué par Apple. Pour rappel, l’UFC-Que Choisir et Virgin France ont porté plaintes contre la firme américaine sur l’absence d’interopérabilité. Aux Etats-Unis, Apple fait face à une class-action. En France, le décret Dadvsi devrait permettre au constructeur de l’iPod ne pas être inquiété. Le procès gagné par l’UFC-Que Choisir contre Sony était antérieur à la sortie du décret d’application. Fort de cette victoire, l’association de consommateurs cherche à pousser l’avantage contre les DRM sur le champ européen. Dans un lettre récente, le CEO d’Apple se défend de vouloir imposer les DRM. Pour lui, ces dispositifs techniques lui ont été imposés par les majors qui contrôlent 70% de la musique mondiale. Il pense que les DRM n’empêcheront pas le piratage. On ne peut être que d’accord avec cette proposition. Pire : les Drm ne peuvent que le favoriser. Le Conseil norvégien de la consommation a rappelé à Steve Jobs qu’il pouvait à tout moment rompre ses contrats avec les majors.
Avec ses 2 milliards de morceaux vendus sur iTunes et au moment de lancer iPhone, le principal dirigeant d’Apple cherche en réalité à pousser son avantage sur le marché des baladeurs qu’il domine avec une grande insolence. Le seul obstacle à sa domination totale reste les Drm, contraintes imposées par les majors. Jason Reindorp, responsable du marketing du baladeur Zune chez Microsoft, a déclaré au New York Times que l’appel lancé par Steve Jobs est « irresponsable ou pour le moins naïf ». Ces déclarations qui vont à l’encontre de celles de Bill Gates fin décembre permettent de mieux comprendre les enjeux des Drm. Naïf… Steve Jobs ? Pas si sûr.
Jacques Attali, récemment, déclarait que la musique ne pouvait, à terme, qu’être gratuite. La volte-face de la Fnac, de eMusic, d’Amazon, de quelques majors telles que VirginMega et d’EMI ne s’explique que dans leur prise de conscience de voir les constructeurs de dispositifs mobiles capter l’essentiel de la valeur. L’attitude de la Fnac s’explique avant tout par le fait qu’il est aujourd’hui le premier vendeur de spectacles vivants.