Fin de l’anonymat sur Internet : oui, si…
Tout d’abord, oui, l’anonymat est possible sur Internet, en s’appuyant sur les outils du Dark Web et les technologies de chiffrement, garantissant ainsi nos libertés démocratiques. Autrement dit, vouloir empêcher l’anonymat me semble être un vœu pieu. Pour autant, face au déchaînement de haine dont sont régulièrement victimes des personnalités publiques, le sentiment d’impunité né de ce pseudo-anonymat ne fait que croître dans une partie de plus en plus grande de la population. Internet n’est pas une zone de non-droit.
Dans sa longue plaidoirie en faveur de l’anonymat, Romain Pigenel parle du droit de réserve des fonctionnaires et de l’impossibilité pour un salarié de dénigrer son propre patron. Je ne comprends pas bien quel serait l’intérêt d’un salarié ou d’un fonctionnaire à démolir l’entreprise ou l’institution pour laquelle il travaille. Il s’exposerait alors à une plainte de son entreprise et à un risque de sanctions pécuniaires pour préjudice, à l’occasion d’une procédure civile. La fin de l’anonymat ferait prendre conscience au citoyen que l’anonymat dans les réseaux sociaux est un leurre, sauf à disposer de très, très solides compétences techniques. Le paradoxe de ce projet serait alors l’apparition de nouveaux outils accessibles au plus grand nombre garantissant un réel anonymat.
La fin de l’anonymat sur Internet exige, en contre-partie, deux garanties. La 1ère, c’est le statut du lanceur d’alertes. Il faut lui garantir l’anonymat total et prévoir de le rémunérer par les amendes collectées à l’occasion des peines prononcées, lorsque les éléments mis à disposition de la justice contribuent à établir la vérité. La 2e, c’est de garantir le secret des sources des journalistes, dont nous avons pu voir à l’occasion de l’affaire Benalla et des demandes de perquisition du Parquet qu’il n’était pas respecté par le pouvoir en place.