Blogs : mais où sont les commentateurs ?
Les commentateurs « professionnels » semblent avoir peu ou prou disparu de la blogosphère française. Il y a, sans doute, plusieurs raisons à cela.
- Usages
De nombreux internautes – hier commentateurs – ont trouvé refuge dans les réseaux sociaux, agrémentant de quelques mots les liens qu’ils y propulsent. Dans les usages, le temps passé à lire – ou à déchiffrer – les textes s’est mué en temps à regarder les vidéos.
- Entre-soi
Oubliant les principes de séparation des champs privé et public, de nombreux blogueurs confondent blog et réseau social. Les contenus s’appauvrissent, laissant place à des tranches de vie ou des contenus construits par bribes, dont l’objet principal est de se lier entre blogueurs. La soif de se classer l’emporte très largement sur le souci de produire des contenus de qualité. Les commentaires sont devenus, pour l’essentiel, le fait des blogueurs eux-mêmes.
- Modération
La plupart des blogs sont devenus des outils « professionnels ». Ils garantissent une plus grande visibilité aux sites institutionnels et aux entreprises. Dans ces espaces, il n’y a plus aucune place pour le troll, le commentaire décalé et approximatif, qui fait l’objet désormais d’une modération impitoyable !
- Appauvrissement des contenus
Dans le domaine technique, certains blogueurs vont jusqu’à reprendre, après les avoir traduit par Google Translate, les billets produits sur d’autres sites en langue anglaise. D’autres nous saturent d’infographies, toutes aussi insignifiantes les unes que les autres. Commenter de tels contenus s’assimile une perte de temps.
- L’anonymat et la réputation
Les commentateurs ont compris que l’anonymat était une chimère. Les plates-formes de blogs fournissent désormais des données d’identification tangibles. Du coup, la blogosphère a perdu sa dimension de défouloir, qu’elle pouvait avoir naguère. Compte tenu des performances d’indexation des moteurs, un commentaire malheureux peut entacher la réputation du commentateur, dans une période où le chômage repart à la hausse ! Les entreprises disposent d’outils de surveillance extrêmement puissants. Les salariés le savent.
- Nofollow
Une autre raison à la baisse des commentaires est extrêmement technique. Les éditeurs des blogs indiquent aux moteurs de ne pas suivre les liens inscrits dans les commentaires par la directive nofollow. Cela n’encourage pas vraiment à l’amitié. Un réseau social tel que Twitter est aujourd’hui beaucoup plus efficace pour attirer l’attention d’une personnalité « influente ».
- Addendum au 24/1/2012 : francophonie
Le périmètre récessif de l’utilisation de la langue française ne serait pas propice à l’amitié entre les peuples du Web ! ;+)
- Addendum au 24/1/2012 : exponentiation
Sollicité de toutes parts du fait de l’explosion des publications et l’émergence de nouveaux services, l’Internaute n’aurait tout simplement plus le temps de commenter, comme il aurait pu le faire, il y a quelques années.
- Addendum au 24/1/2012 : captchas
La généralisation de l’emploi des captchas ne serait pas propice au commentaire.