Où est l’innovation dans l’informatique ?
Je me demande si Olivier n’avait pas raison.
L’informatique et les positions des acteurs du numérique semblent s’être figées étrangement depuis quelques années. Amazon domine l’hébergement ; Microsoft le marché de la suite bureautique et de la messagerie en mode SaaS ; Google le navigateur, le téléphone mobile et les moteurs de recherche ; Facebook les réseaux sociaux ; l’Open Source les serveurs d’applications ; Adobe le monde du graphisme ; WordPress la production de contenus Web ; SAP le secteur de l’ERP ; Cisco le routage ; Intel les processeurs ; Dell le marché des serveurs ; etc. Les usages se sont normalisés, entraînant avec eux la mort d’un tas de solutions techniques et de logiciels devenus « inadaptés » pour une époque dont le seul moteur sur le plan technologique semble être la recherche de l’augmentation des débits Internet à tout prix comme pour mieux externaliser une informatique « embarrassante ».
Depuis plusieurs années, je cherche les signaux faibles, au travers des portails d’information que je consulte quotidiennment. Les innovations proposées actuellement ne sont que de piètres refontes – ou des remake improbables et bien plus complexes – de solutions existantes où l’interface homme machine nous est vendue comme nouvelle pierre angulaire de l’innovation par des nouveaux alchimistes de pacotille. Il y a un côté presque drôlatique à voir les utilisateurs de MongoDB revenir à PostgreSQL. Il y a de quoi rigoler à voir les développeurs proposer des solutions à base de Docker, là où son ancêtre délaissé LXC est plus intéressant sur le plan fonctionnel, tout simplement par effet de mode.
Il y a une raison à tout cela. Les GAFAM ont tué l’innovation en s’adressant aux financiers et nous ont amenés à choisir la facilité. Et, au final, ce sont les américains avec Amazon et Microsoft qui ramassent la mise. Pour que l’innovation reparte, il faudrait que nous réinternalisions nos applications et notre informatique, que nous nous posions la question de l’exercice de notre souveraineté dans le domaine numérique. Je ne pense pas que nous en prenions le chemin ! Les entreprises se sont délestées de leur informatique, à cause de ces FAI qui, en bridant le Upload, ont voulu – en vain – développer leurs activités d’hébergement. Du coup, même le monde l’Open Source est aujourd’hui clairement menacé, sauf au niveau des serveurs d’applications. Regardez dans quel état se trouvent aujourd’hui Mozilla et Firefox. Je n’ai jamais cru aux bénéfices de la destruction créatrice. Je pense que tous les écosystèmes ne se valent pas et que ce ne sont pas les meilleurs qui restent à la fin, dans une société mue pour l’essentiel par la recherche de profits à court terme. La majorité des DSI en poste n’y connaissent plus rien à l’informatique.