La responsabilité des CCI dans la destruction de l’emploi informatique

En octobre 2012, j’expliquais les raisons structurelles à la destruction de l’emploi informatique. J’évoquais pêle-mêle la virtualisation, la baisse des prix des matériels, le recours massif à l’offshore et l’augmentation des débits de l’Internet qui a amené le SAAS et le Cloud. Ajoutons-y l’incapacité de la grande majorité des CCI à organiser une réponse locale aux besoins en informatique des entreprises de moins de 50 salariés, condamnés à faire appel à des acteurs du Cloud.

Un exemple havrais

La responsabilité des CCI dans la destruction de l'emploi informatiqueL’exemple dont je vais vous parler est celui d’une entreprise havraise de 30 salariés spécialisée dans la logistique et le transport. Son PDG a décidé de faire appel aux services d’Orange Business (Neocles) pour infogérer l’informatique. Aucun informaticien. Aucune application installée sur les ordinateurs en local. Aucun accès Internet en dehors de la VPN fournie par Orange. Aucun serveur. Aucune sauvegarde à faire. Reste les ordinateurs à acheter qui permettent aux salariés d’accéder au bureau distant. Reste les imprimantes accessibles en local à partir des sessions Citrix fournies par Orange.

Côté qualité de services, tout ne semble pas aller au mieux dans le meilleur des mondes. Les applications sont extrêmement lentes. Compte tenu de restrictions, l’entreprise ne peut installer aucun logiciel sur les bureaux distants. Elle doit faire appel à chaque fois à des  techniciens d’Orange, dont le fort accent étranger laisse à penser qu’ils interviennent à partir de sites basés en Afrique du Nord ! Pour accepter une aussi piètre qualité de service, le PDG doit y trouver son compte. Sa problématique à lui, c’est de maximiser ses gains en diminuant ses coûts. Quant au maintien de l’emploi informatique au Havre et en France, c’est évidemment le cadet de ses soucis.

Mutualiser l’informatique

 Il est tout de même étonnant de constater que là où l’État et les collectivités locales sont parvenues à mutualiser leurs services informatique, le secteur privé est dans l’incapacité d’imaginer d’autres solutions que de recourir au Cloud. Dans leur mission, les Chambres de Commerce et d’Industrie, je cite Wikipédia, peuvent gérer des équipements au profit des entreprises. En tant qu’établissement public, elles peuvent aussi, avec l’accord préalable de l’autorité de tutelle, participer à la création et au capital de sociétés civiles ou commerciales, de GIP – Groupements d’intérêt public -, GIE ou GEIE, Syndicat mixte ou toute personne de droit privé, notamment les associations. Elles peuvent également assurer des missions de formation initiale ou continue.

J’ai souvent eu l’occasion de travailler avec les CCI. Les informaticiens qui y travaillent sont très souvent des gens compétents et consciencieux. Les services informatique des CCI auraient pu permettre aux TPE, au travers de la mise en place de GIE, de disposer par mutualisation de conseils et de services de proximité à moindre coût, les accompagnant dans l’organisation de leur système informatique et l’utilisation du numérique. Une entreprise de 30 salariés ne peut pas se permettre de mobiliser 45000 euros par an pour recourir aux services d’un informaticien.

 

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