Michel Morin, l’autre visage de l’informaticien
Lorsque j’ai rencontré lundi les trois salariés de cette grande entreprise bordelaise afin de les former à Linux, ils se sont présentés tous trois comme des « Michel Morin« . Cette expression locale – cette antonomase – désigne un homme à tout faire.
Tâches de ronds
Très vite, les trois gaillards m’ont expliqué qu’au service support, ils étaient souvent amenés à passer du coq à l’âne. Je sais, c’est sale (1). ;+) Installation d’applications sur smartphones, intervention sur des serveurs Linux / Unix / Windows, création de raccourcis sur le bureau de la station de travail, mise en place de souris à fil court afin de soulager le « geste » de l’utilisateur, brassage de câbles réseau, gestion des VLAN, déploiements d’ordinateurs et de smartphones, réparations de menus problèmes électriques… Le quotidien de ces nouveaux Michel Morin de l’informatique n’a pas de limite, tant l’ampleur de la tâche semble indéfinie, sans fin et sans fond !
Cloud et proximité
Je ne peux pas m’empêcher de penser à tous ces responsables fonctionnels qui nous expliquent que l’informatique n’est plus leur métier, au point où ils se mettent désormais à tout envoyer dans les clouds d’Amazon, de Microsoft ou de Google. Comment, demain, les utilisateurs des entreprises feront sans nos Michel Morin, sans ces techniciens dévoués qui assurent l’intendance ? Le numérique a envahi nos vies et la plupart de ses utilisateurs devenus de simples « consumateurs » n’y comprennent plus grand chose, à vrai dire, malgré un niveau de connexion toujours plus élevé.
Clés de lecture
Face à la diversité des tâches à réaliser au quotidien, nos Michel Morin – souvent mal considérés – sont devenus des pièces maîtresses des organisations. Pensez à les former pour qu’eux aussi soient plus efficaces ! Pensez à leur exprimer votre reconnaissance. Ils méritent bien plus que d’être vus comme de simples grouillots. Car, de leur efficacité, de leur rondeur face aux utilisateurs, de leur capacité de résilience dépend en grande partie la productivité des autres. Et, accessoirement, n’oubliez pas aussi à les payer.
Happy end
J’ai passé quatre merveilleuses journées de formation à Bordeaux, en compagnie de ces trois extraordinaires Michel Morin.
(1) Spéciale dédicace pour Christophe et Thomas qui se reconnaîtra : 5 cm, vous dis-je !