L’informaticien, ce nouveau prolétaire !
Ce matin, dans le train, j’échangeais à bâton rompu avec un homme d’une quarantaine d’années, jusqu’à ce qu’il me dise qu’il était informaticien. Notre conversation s’est alors très vite concentrée sur nos métiers respectifs dans l’informatique. Je lui expliquais que j’avais subi assez durement la crise d’avril 2009 à août 2011, jusqu’à ce que je construise ma visibilité au niveau Internet en me positionnant dans l’index Google sur les mots-clés associés à mes compétences. J’attends de voir l’impact qu’aura la réforme de la formation professionnelle sur mon activité à l’occasion de cet automne 2015. Ensuite, je m’ajusterai.
Au bout de 15 années d’expérience dans la même entreprise, il m’avoua gagner 1800 euros nets par mois, en tant que technicien d’exploitation à Paris intra-muros. Il m’expliqua que son patron était particulièrement dur sur le niveau de rémunération. Pour pouvoir rembourser son appartement à Mantes la Jolie dont l’échéance mensuelle est de 1200 euros et nourrir sa famille (sa femme ne « travaille » pas), il a décidé depuis plusieurs années de cumuler une activité d’auto-entrepreneur, en parallèle à son emploi salarié. Exténué, il est aujourd’hui au bord de la rupture. Il y a deux ans, j’avais rencontré une femme d’une quarantaine d’années, qui s’était vue proposer 1600 euros net pour un poste de développeur sur Paris intra-muros, en justifiant plus d’une dizaine d’années d’expérience dans le développement. Ces deux personnes sont loin d’être des cas isolés, alors que certains de mes anciens stagiaires que j’ai formés au Cesi Normandie dans les années 1998-2004 peinent à s’extraire du SMIC. L’immense majorité d’entre eux, dégoûtés, a d’ailleurs aujourd’hui quitté l’informatique. Compte tenu de leur formation initiale (un bac pro en poche pour la plupart d’entre eux), était-il vraiment fait pour ça ? L’argent public qui se déversait dans la formation à l’époque n’a-t-il pas fait l’objet d’une immense gabegie ?
Michel Onfray chez Laurent Ruquier parlait samedi soir du nouveau prolétariat, évoquant des étudiantes et des mères de famille obligées de se prostituer, des jeunes gens livrant les pizzas jusqu’à 1 heure du matin four financer leurs études. N’allons pas chercher si loin ! Il y en a bien d’autres.