Et bientôt la mort du navigateur ?
L’annonce par Microsoft de l’abandon de son navigateur Edge me semble être un indicateur de la victoire de Google sur le Desktop. L’éditeur de Moutain View avait déjà gagné la guerre du smartphone ; il vient de gagner celle du navigateur avec près de 2/3 des parts de marché. Firefox a disparu des écrans radars, au point où il sera bientôt un très lointain souvenir. Mais est-ce bien de la victoire de Chrome dont il faut parler ou plutôt celle de l’Android et de ses applications ?
Google, le cannibale
Au mois d’octobre, j’avais expliqué en quoi, avec Android, la victoire de Google était totale. Sans le dire tout à fait dans les mêmes termes, Linus Torvalds – très inspiré – expliquait, à juste titre, que Linux ne pouvait pas s’imposer du fait du nombre délirant de distributions et de bureaux. Il a raison. A coups de forks, l’atomisation des équipes de développement fait que les projets s’arrêteront progressivement, alors que les utilisateurs plébiscitent massivement le bureau Android et ses applications. Même Apple entre maintenant dans la tourmente, en ayant fait le choix de s’enfermer dans sa logique propriétaire !
Le bureau est mort. Alors vive le bureau !
Oui, Android est avant tout un bureau sur un socle Linux. Les habitudes prises par les utilisateurs sont telles que mon épouse, à qui je viens d’acheter une tablette Windows, m’a demandé de lui installer des applications Android. J’ai dû d’ailleurs lui installer d’urgence un émulateur, NoxPlayer, pour qu’elle puisse jouer à… Pro des mots. L’éditeur aurait pu développer un site afin de disposer d’une application accessible par le navigateur. Eh bien non ! Les seules versions disponibles de ce jeu sont sur Android et iPhone/iPad.
Les projets Open Source menacés
Bientôt, les utilisateurs passeront exclusivement par les applications sécurisées pour accéder aux services en ligne fournis par Amazon, Google et Microsoft et pour faire leurs achats en ligne. Ils auront oublié jusqu’à l’existence même du navigateur. Mon fils n’utilise plus de navigateur pour aller sur Youtube à partir de son smartphone. Il télécharge l’application de l’éditeur. Pour le logiciel libre, l’enjeu est de taille. Je ne vois pas, en effet, les développeurs des projets se rediriger vers le développement sous Qt ou Gtk d’applications dont l’objet est d’accéder aux services des GAFAM !
Une réponse à construire
La solution passe peut-être par la genèse d’un nouveau langage capable de compiler du HTML/CSS/Javascript et de l’exécuter sur les bureaux Windows/Linux. C’est tout le sens du projet Electron, à base du navigateur Chromium. La question à se poser est de savoir ce qui pourrait se passer pour Electron le jour où Google viendrait à abandonner son propre navigateur. Cette hypothèse du baiser de la mort, je crois, est aujourd’hui à très sérieusement envisagée pour demain ! Il ne peut pas y avoir d’alternative à Google avec Google.