Elle manquait à ma vie.
C’est mon père, je crois, qui m’a donné le goût des livres et de la lecture par l’imposante bibliothèque qui remplissait un pan entier de notre salon, lorsque nous vivions Résidence les Fleurs à Caudebec-lès-Elbeuf. Malraux, Zola, Koestler, Prévert, Gide, Nietzsche agrémentèrent les nombreuses soirées d’hiver de mon adolescence. Un peu plus tard, chez mon oncle André, je découvrais les écrivains et les poètes russes. Aragon, aussi.
Et puis, la vie professionnelle, cette passion dévorante pour l’informatique m’ont éloigné de la littérature. Durant de très nombreuses années, je me suis contenté de lire des essais, des philosophes. J’ai perdu pied avec une littérature qui m’ennuyait profondément. L’utilitarisme avait envahi ma vie.
L’année dernière, à l’occasion de la fête des mères, j’ai offert à ma femme une liseuse Booken. Elle qui m’avait juré que rien ne l’éloignerait de l’odeur enivrante du papier vient d’en finir avec le vieux monde. Les livres semblent avoir définitivement quitté le dessus de sa table de chevet.
Vendredi dernier, alors que je faisais mes courses au Leclerc du Neubourg, j’ai décidé de franchir le Rubicon, à mon tour. Dimanche, un peu avant mon départ pour Montpellier, j’ai chargé ma liseuse Cybook de quelques ouvrages picorés sur le site Partagora. Bérézina de Sylvain Tesson ainsi que Soumission de Michel Houellebecq.
Arrivé à Montpellier, privé de télévision et d’Internet dans la chambre d’hôtes de Montarnaud, je me suis mis à dévorer le livre de Sylvain Tesson. L’écrivain s’est mis en quête de rouler en Oural sur le parcours de la Grande Armée lors de la retraite de Russie à l’automne 1812, agrégeant l’histoire à l’aventure du présent. Il m’aura fallu 3 jours à peine pour en achever la lecture passionnante. A peine les pages de Bérézina refermées, j’entamais le bouquin de Michel Houellebecq, dont le 1er chapitre est particulièrement bien écrit, dans la peau d’un professeur d’université désabusé.
Oui, j’ai envie de renouer avec la littérature et de prendre le temps de lire ce que je n’ai jamais voulu lire : Alexandre Vialatte, Antoine Blondin, Louis-Ferdinand Céline, Philippe Muray, Yann Moix.